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VI E
Pnmin
DE
LA
NOBLESSE
FEODALE,
a Les Francais, dit-il', sont une noble nation; ils sont sages, en-
a tendus et raflines en toutes choses qui appartiennent a bonne
t edueation, courtoisie et noblesse. lls sont tres-elegants dans leurs
"a habits etmagnitiques en leurs equipagtts. lls sont tres-attaches aux
a choses de leur pays; ils sont larges et grands donneurs de pre-
a sents; ils aiment a faire plaisir a tout le monde, ils traitent tres-
a honorablement les etrangers; ils savent louer, et louer beaucoup
t les belles actions; ils ne sont pas malicieux, ils hebergent meme
a les ennuyeux (dam posada d les enojosos); ils ne (lOITHlHdOHl raison
a a personne en paroles ou en fait, sauf s'il y va beaucoup de" leur
(t honneur. Ils sont n'es-courtois et gracieux dans leur parler; ils
a sont n'es-gais, se livrent au plaisir de bon coeur et le recherchent,
a aussi bien les femmes que les hommes. Ils sont tries-amoureux ct
a s'en piquent..... a En faisant la part a Fcxageration naturelle chez
un etrangeraitquel on croit devoir les plus grands egards, et qui doit
emporter, comme allie fulele et brave, la meilleure opinion des gen-
tilshommes, ses frcres d'armes, cet eloge cependant n'a point l'ap-
parence cliune banalite. Cette courtoisie parfaite etait bien en effet
dans les moeurs de la noblesse feodale de Fepoque; et pour qu'elle
ait pu laisser dans l'esprit d'un seigneur de la cour ddlspagne, alors
renommee pour sa politesse, une impression aussi vire, il lallait
qu'elle se manifestait en toute occasion. La noblesse sous Charles VI
nT-tait que trop raflinee, et bien mal lui en advint. lllais toute consi-
deration politique mise a part, on se meprend etrangement quand
on represente cette societe du XIVE siecle comme vivant, relativement
a notre temps, dans un etat barbare et grossier; le contraire serait
plus pres de la verite.
Mobilier
des
chäteaux.
Vers le commencement du xm" siecle, les moeurs de la noblesse
se ressentent dcf-ja de la galanterie romanesque et affectee si fort en
honneur pendant le Xlve sieele. De la deferenee et du respect pour
les femmes, on arrivait a exprimer des sentiments de devouement
aveugle, veritable culte dont les romans de cette epoqile nous don-
nent la mesure et nous font. connaltre liexageration. Dans les choses
ordinaires de la vie, cette direction des esprits se manifeste par un
luxe inoui dans les habits, les parures, les armes et le mobilier.
Parmi les seigneurs, detait a qui surpasserait ses rivaux en depenses
de tout genre. Peu a peu ce qu'il pouvait y avoir de sincere dans ce
Liv.
II, chap-