MÜZURS
FEODALES.
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a le maitre d'hotel donnait ordrea la table et placait chacun un
a chevalier a cote d'une damoiselle ou un ecuyer. Les viandes etaient
a tres-tliverses et abondantes avec bons ragoüts tant de chair que de
a poisson et de fruits, selon le jour de la semaine. Tant que durait
a le diner, qui savait parler celui-la, pourvu qu'il gardait l'hon-
c netete et la modestie, d'armes et d'amour il pouvait deviser, sür
a de trouver oreille pour l'ecoutei' ct langue pour lui repontlre et
le rendre satisfait. Cependant ne manquaient pas jongleurs pour
c jouer gentils instruments de main. Le Benecltcite dit et les nappes
a otees, venaient les menestrels, et madame dansait avec Pero Nifio
a et chacun de ses chevaliers avec une damoiselle, et durait icelle
a danse environ une heure. Apres la danse, madame donnait la
a paix au capitaine, et chacun ala dame avec qui il avait danse. Puis
a on apportait les epices et le vin, et l'on allait dormir la siestc.Le
a capitaine allait dans sa chambre, laquelle etait dans la maison de
a madame, et l'appelait-on la chafntbre tzmrnine. Aussitot qu'on se
a levait apres dormir, on montait a cheval, et les pages portaient les
a faucons et d'avance on avait depiste les hcrons. Madame prenait
a un faucon gentil sur son poing, les pages faisaient lever le heron,
a et elle langait son faucon si adroitement qu'on ne saurait mieux.
a La enfin une belle chasse et grande liesse : chiens de nager, tam-
a bours de battre, leurres de tourner', et damoiselles et gentils-
a hommes s'abattaient si joyeusement le long de cette eau qu'on ne le
a saurait conter. La chasse terminee, madame mettait piedä terre et
a tous avec elle dans un pre, et l'on tirait des paniers poulets, perdrix,
a viandes froides et fruits dont chacun mangeait, puis on faisait des
c: chapels de verdure et l'on s'en retournait au chateau en chantant
a belles chansonnettes. Lanuiton soupait si detait l'hiver; si detait
(4 rete, on mangeait plus tot, et madame sortait a pied aux champs
(c pour s'abattre, et l'on jouait a la boule jusqu'a nuit noire. On ren-
a trait aux torches dans la salle, puis venaient les menestrels et l'on
a dansait bien avant dans la nuit. Alors on apportait des fruits et du
a vin, et prenant congc chacun allait dormir.
(f Or de la facon que j'ai dite se passaient tous les jours toutes les
c: fois que venait le capitaine ou d'autres, selon leur merite. Tout
c cela etait regi et ordonne par madame,-et ses terres et autres biens
l a Leurre, terme de fauconnerie, morceau de cuir rouge ou estuf gamy de bec, et.
d'ongles et d'ailes, estant pendu par une lesse ä un crochet de corne, dont les faucom
niers se servent pour räclamer leurs oiseaux On le nomme quelquefois rappel. u (Dict.
de Furetiäre.)