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VIE
PIIIVEE
DE
NOBLESSE
FEODALE.
lorsqu'il fallait transporter jusque dans la residence du chatelain des
meubles fabriques au loin. Il fallait alors reelamer les services des
vavasseurs ou des villages et hameaux. Tel canton devait un char
traine par plusieurs paires de boeufs, tel village ou tel vavasseur ne
devait qu'un cheval et une charrette ou une bete de sommef. Les
depenses, la dilficulte d'obtenir du credit, l'embarras d'avoir affaire a
toutes sortes de fournisseurs, faisaient qu'on gardait ses vieux meu-
bles, qu'on ne les remplacait ou plutot qu'on "n'en augmentait le
nombre qu'a l'occasion de certaines solennites. Peu a peu cependant,
ne detruisant rien, on aecumulait ainsi, dans les residences feodales,
une enorme quantite d'objets mobiliers, releguant les plus vieux
dans les appartements du second ordre, dans les galetas, ou ils pour-
rissaient sous une venerable poussiere.
Les distributions interieures des chateaux etaient larges, et ne
ressemblaient guere a nos appartements. Les batiments, simples en
epaisseur, ne contenaicntsouvent qu'une suite de grandes salles avec
quelques degagements secrets. On supplcait a ce defzttit de distri-
bution par des divisions obtenues au moyen de tapisseries tendues
sur des huisseries, ou par des sortes d'alcoves drapees qu'on appe-
lait des clotets (voyez ce mot), des eperviers ou espcvriers, des pu-
ÜÜZOTZSQ. Ces distributions senleviaient, au besoin, lors des grandes
reccptions, des fetes, ou meme pendant la saison dkte. On retrouve
encore, dans cet usage qui fut suivijusqtfit Pcpoquc de la renais-
sance, une tradition des moeurs primitives feodales; car, dans les
premieres enceintes fortifie-es, les habitations, comme nous l'avons
dit plus haut, nlätaient, pour ainsi dire, qu'un campement que l'on
disposait en raison des besoins du moment?
Au XIIC sieclc, les manoirs, habitations des chevaliers, sans don-
jons ni tours, ne se composent generalement a Finterieur que d'une
salle basse a rez-dc-chaussee contenant la cuisine et le cellier, d'une
Salle au premier otage avec une garde-robe voisine. Par le fait, les
des etangs, des ägouts, des fosses, le nettoyage et balayage des salles du chiiteau, de la
cour, des äcurics; ils aidaient aux magons... (Ibid, 'p. 15, '20, 79, 83; voyez les notes
p! 709.)
4 a Per servitium roneini. n (Czrrt. de la CImise-Dleu.) a Servicium ad saeeum
a cum mascnlo equo. n i- Par service de cheval sont entendus villains services qui se
a font 51 sac et ä somme, lesquels on appelle eommunement sommayes... l) (Liv. des
fieua: de Saint-Floscel.) Voyez L. Delisle, p. 78.
' Interclusoria, dans les anciens textes latins.
' Les manuscrits des x18 et xne siecles, les peintures murales ou des vitraux, et les
bas-reliefs des xne et X111" sieeles, indiquent souvent ces sortes de elüiures provisoires en
tapisseries ätablies dans de grandes salles. On trouve 121 d'ailleurs une tradition antique.