OBSIÜQUES.
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u Qui Raoul porte sor son escu plcgnier.
a Si le sostiennent li vaillant chevalier,
a Le chief enclin soz son elme (heaume) ä ormier.
u A Saint Gärä le portent au mostier :
a En une biere Iissent le cor couchier;
a (fbuatre crois d'or fisent au chief dräcier v
Ce passage est d' un veritable interet comme etude des mceurs du
moyen äge. Le cortege funebre (le dueil) arrive au chäteau, les che-
vaux en desarroi, les harnais brises par le combat. Le fils de la
chätelaine, Fheritier, est rapporte sur son ecu par les chevaliers ses
freres d'armes; sa tete repose sur son heaume. Mais bientot le corps
est depose dans une biere a Feglise du monasterc voisin. Cette
biere reste ouverte, ainsi que le montre la suite du recit; un poele
recouvre seulement le corps, et chaque personne qui vient pleurer
le "mort souleve ce voile funebre. Quatre croix d'or sont placees au
chevet. Sur les sarcophages merovingiens, nous avons souvent vu
trois ou cinq croix gravees sur la paroi du cote de la tete 2.
Terminons ce que nous avons a dire sur les obseques des pre-
miers temps du moyen äge, en mentionnant un fait digne (Yinteren
Les eglises etaient la plupart entourees de cimetieres, ou des char-
niers etaient etablis en dehors de l'enceinte des villes. Il etait d'usage
de planter des ifs dans les champs de repos, comme on y plante au-
jourd'hui des cypres, et encore des ifs. Le trouvera Benoit, dans
ses Chroniques des ducs de N ormandie; decrit un cimetiere
abandonne 3 z
u Tombes i out et cors enz mis,
a Kaf cimetire i out jadis.
a N'ont borc ne ville ne maison
a D'une bonne leuve (lieue) environ:
a Arbres i out c un grand if
a Oü li venz mena grant estrif. n
Cet usage devait remonter
serve M. L. Dclisle i.
ä une haute antiquitä, ainsi que
4 Li Romans de Raoul de Cambrai et de Bemier, chap. CLXX, publ. d'amies le manuscr.
unique de la Biblioth. natiom. par M. Eward Le Glay. Paris, Techener, 1840.
' Voyez le Dictionnaire d'architecture, ä Part. TOMBEAU
' Liv. II, v. 25036.
4 Etudes sur la comiit. de la classe agric. en Normandie au moyen äge. Evreux,
1851. M. L. Delisle cite ä ce propos un passage curieux de Sulpice Sävüre (De vila
B. Martini) : a Item dum in vico quodam templum antiquissimuxm diruisset, et arborem
c pinum; quae fano erat proxima, esset agressus excedere, etc. v