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VIE
PUBLIQUE
DE
LA
NOBLESSE
FEomLE,
ETC.
a Font une biere, le vassal i ont mis,
a Et environ trente cierges espris,
c ll firent crois et encensiers venir,
a Li quens Fromons ä son chevet s'assit'.
Et plus loin on exhume le corps :
dcscout le cuir de cerf bouli.
cÜ li
a Sus en la salle l'ont la hiere venir,
a Veoir la vont cil (Iamoisiaus depris,
a Les belles dames qui ont simples les vis (visages).
a Dist l'une ii l'autre : Diex! quel damage a ci!
u Grant luminaire ont entor lui esprins. v
Puis enfin
a En un sarcuel qui fu de mabre bis
a Cochent le duc, en terre le font mis;
a Apres l'ont fait moult richement couvrir;
u Un paile d'Ynde ont desus des cors mis;
a La sepolture toute faite ä or Fm,
a Et pot desore ot sa semblance escrit.
x La lettre dit qu'il ont desor lui mis :
u CE FU LI MIEULDRES QUI son DESTRIER SEIST.
Rien ne manque ä cette description.
Si un chevalier etait tue sur le champ de bataille, on rapportait
son corps sur son ecu, comme faisaient les Spartiates. Ce detail,
mentionne dans plusieurs chansons de geste, est precieux, et nous
en trouvons l'expression tres-vive dans le remarquable Roman de
Raoul de Cambrai, qui parait avoir etc ecrit au X119 siecle.
Baoul est tue dans une bataille sanglante; son oncle le retrouve
parmi les morts, et rapporte le corps ä sa mere Alais. Celle-ci est
prevenue du malheur qui la frappe par la voix publique et par un
songe. Raoul est fils unique.
a La gentix dame (Alais) vit le duel (deuil) engraigner (grandir).
c Parmi la porte (du chäteau qu'elle habite) entrent li bon destrier,
n Les argons frai; (brises); n'i a que pecoier (detruire)
a Ocis i furent li vaillant chevalier.
n Sergant y qeurent (y courent), vaslet et esquier.
a Parmi la porte eiz-vos entrer Gantier
Li Roman de Garin le Loherain.