OBSEQUES.
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morts, deposaient les ossements calcines dans une urne de terre
cuite, un vase ou un sarcophage de marbre. Les chretiens, croyant
a la resurrection, laissaient les corps entiers, les lavaient d'eaux
odorifcrantes, les enveloppaient de bandelettes ou de linceuls, et
les placaient horizontalement dans des cavites creusees dans les
parois des carrieres ou des rochers; ces sortes de cases etaient
murees. Parfois aussi les corps morts etaient couches dans des sar-
cophages de pierre ou de marbre places dans des monuments ou
des enclos reserves aux sepultures. Dans les Gaules, ces usages se
melerent aux habitudes germaniques. Cependant les gens riches
pouvaient seuls faire la depense d'une pareille sepulture; aussi
beaucoup de cimetiercs gallo-romains ou meme merovingiens font
voir des corps simplement poses dans une fosse creusee au milieu
de l'argile, de la craie ou du tuf, et, dans ce cas, les squelettes sont
inclines ou memc assis.
Pendant ces epoques primitives, les morts etaient toujours ense-
velis avec leurs vetements, et souvent, avant Finhumation, on
cntourait les corps de mottes de gazon 1. On les portait en terre
ainsi apres les avoir laisses exposes dans Feglise pendant un ou
plusieurs jours. Le lavage des corps est sans cesse mentionne par
les historiens. Flodoard rapporte que, Farcheveque de Reims
F oulques ayant etc assassine dans la campagne, les gens de Reims
rapporterent le corps du prelat dans la villc au milieu du deuil et
de la desolation de tous les siens. La, apres avoir lave le corps et
a lui avoir rendu les derniers devoirs avec pompe, ils le deposerent
dans un sepulcre digne de lui 2. a
Plus tard, au xir siecle, le poäte auteur de la Chanson de Roland
decrit ainsi les obseques de son heros et des barons morts a Ron-
cevaux. Charlemagne, arrive sur le lieu du combat trop tard,
exprime sa douleur et ses regrets :
Pluret des oilz, sa blanche barbe tiret;
Et dist dux Naimes : Or ad Caries grant ire.
CGVIII.
n Sire cmpererc, go dist Gefrei d'An1ou,
a Geste dolor ne dämenez tant fort,
a Par tut. le camp faites querre les noz
u Que cil rPEspuigne en la bataille unt mort,
u En un carnel cumandcz que hom les port.
u Qo dist li reis .Sunez-en vostre corn. A01.
' Grägoire de Tours, Vitw Patrum, cap. vx,
' Flodoard, Hast. de Feghse de Reims, chap.