MARIAGE.
NOCES.
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etaient fort simples. Un seigneur franc qui epousait autant de
femmes qu'il en pouvait nourrir, maigre les lois canoniques, n'ad_
mettait pas qu'un acte ressemblant passablement a une acquisition
füt revetu des formes solennelles d'un sacrement. Aussi ne doit-on
point s'etonner de la persistance du haut cierge a donner tous les
jours aux ceremonies du mariage une splendeur et, par suite, une
authenticite plus considerable. Chez les peuples du Nord qui
s'etaient empares du sol des Gaules, la femme possedait, de toute
antiquite, une influence et inspirait un respect inconnu parmi les
Romains. Profitant avec adresse de cette disposition, le cierge sut
se servir de cette influence pour agir a son tour sur l'esprit des
conquerants barbares; si bien que les mariages des princes devinrent
bientot des actes politiques; par suite, les ceremonies qui avaient
lieu dans ces occasions se firent avec une pompe extraordinaire.
Suger rapporte, dans la Vie de Louis le Gros, que Bohemond, prince
d'Antioche, vint dans les Gaules en HOfi, afin d'obtenir en mariage
Constance, soeur du roi futur. Cette princesse etait parfaitement
belle, et possedait un certain empire sur la cour du roi Philippe,
son pere. a Uadroit prince dblntioche fit si bien, dit Suger, il force
a de dons et de promesses, qu'il fut juge tout a fait digne de s'unir
a solennellement acette princesse, dans la ville de Chartres, en
a presence du roi, du seigneur Louis, de beaucoup darcheveques,
a d'eveques et de grands du royaume. A cette ceremonie assista
(c aussi le seigneur Brunon, eveque de Segni, legat du siege aposto-
lique de Rome, et charge par le pape Pascal d'accompagner le
a seigneur Bohemond, afin de solliciter et d'encourager les Üdeles a
a partir pour le Saint-Sepulcrek Apres les ceremonies religieuses,
rfetaient pendant plusieurs jours des fetes, des repas, des jeux, qui
quelquefois degeneraient en rixes sanglantes, car il etait difficile
alors de reunir un grand concours de monde sans en venir a des
combats.
Dans le Roman de Garin, on trouve la description d'un repas de
noces de l'empereur Pepin avec Blancliefleur, qui se termine par
une veritahle bataille; les convives se jettent les coupes a la tete,
s'arment de broches, de pilons, saccablent d'injures; la nouvelle
reine elle-meme n'est point epargnee 2.
Lorsque les enfants etaient nes avant le mariage, pour les legi-
timer, on les plaeait sous le poele. a Por quoy li dus espousa
' Suger, Vie de Louis le Gros.
' Li Rom. de Garinle Loherain,
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par M.
Päris,
Techenef, T833.