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HISTORIQQE.
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des erreurs qui touchent aux habitudes, aux mmurs, aux ceremo-
nies, aux meubles, aux ustensiles, a la facon d'etre, etc. La bonne
peinture n'a pas affaire de tout ceci, soit; mais alors mettons de cote
toute pretention a la verite : que les peintres ne suivent que leur l'an-
taisie ou leur inspiration ; s'ils semblent. rechercher la verite sur un
point, le publie a le droit de Pexiger partout. Lorsque le peintre
entre dans le domaine de län-cheologie, nous lui demandons d'enz-
arclieologuc, de ne point nous representer saint Louis dans une
salle du xvt siecle, de ne pas l'armer comme un chevalier du temps
de Charles Yll, de ne pas l'entourer de nobles du temps de Fran-
cois I", de ne pas surtout le representer agissant connue aucun
grand seigneur de son temps n'eut agi : tout saint qu'il fut, Louis IX
etait fort grand seigneur. Les artistes ont rarement le-temps d'ota-
dier les moeurs et les habitudes des personnages historiques qu'ils
veulent representer : ils se fient a des compilations erronees souvent,
a des recueils de gravures faits sans critique et sans methode; il en
resulte les rapprochements les plus changes, ils perpetuent ainsi les
erreurs dont ils sont les victimes. Depuis Voltaire, qui, le premier,
attacha une grande importance a la verite du costume sur le theatre
et fut l'inventeur de la couleur locale, nous avons l'ait des progres ;
nous avons beaucoup a faire encore. La verite est. un besoin de notre
temps; nous n'admettons guere les a peu pros; le publie en sait
trop pour ne pas lui donner beaucoup : il veut qu'on lui montre le
mais, tant que son gout n'aura pas pris un autre cours, nos protes-
tations seront inutiles : il courra voir une mise en scene qui passe
pour etre la reproduction iidele d'un fait historique, il lira avec pas-
sion un roman qui rappellera les moeurs et les usages d'un monde
eloigne de nous, et il ne sinquietera pas de savoir si ces (ouvres sont
conformes ou non aux regjles immuables de l'art. Ür, le devoir des
artistes, a notre sens, dans ce cas, c'est d'aller au-devant du public.
Pourquoi l'art ne trouverait-il pas sa place a cote de la verite? Les
anachronismes, ou l'ignorance des moeurs appartenant aux person-
nages que l'on fait parler ou que l'on represente, ne sont pas abso-
lument necessaires dans une oeuvre d'art; celle-ci peut subsister
maigre Fetude de ces moeurs, elle peut aussi s'en servir; (luelrlues-
uns de nos auteurs modernes nous l'ont prouve. Pourquoi donc les
peintres et le thcatre resteraient-ils en arriere? Il nous semble que,
pour une epoque comme la notre, ou tout tend a se niveler, ou les
grands caracteres disparaissent, il y aurait au contraire, pour les
artistes, un avantage reel a se retremper dans Petude scrupuleuse
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