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TRONE
tres-faible resistance; mais l'amour de la nouveaute a prevalu; on
ne fabrique plus depuis longtemps de troncs evides dans une bille
de bois. Cependant les provinces de l'est et PAIIemaggne en possedent
encore quelques-uns qui rappellent les termes primitives, quoiquiils
ne soient pas fort anciens.
Nous donnons (fig. l) le tronc qui se trouve scelle, a Pinterieur,
pres de la porte de la cathedrale de Fribourg en Brisgau. Il parait
etre du XIVe siecle, et, comme on le voit, est ferre avec un luxe re-
marquable. C'est une seule piece de bois, percec d'un trou a sa par-
tie superieure pour le passage des pieces de monnaie, evidee a liin-
terieur et munie a sa base d'une petite porte fermee par deux barres
en croix entrant dans des pitons auxquels sont appendus des cade-
nas cylindriques. Nous donnons en A l'un de ces cadenas de fer. Il
est probable qu'il fallait, pour ouvrir le tronc, le concours de deux
personnes ; c'est ce qui explique la presence de deux cadenas.
Nous avons vu quelquefois, dans des eglises frangaises, des troncs
pratiques dans la muraille ; ils n'etaient alors que de petites armoires
fermees par une porte ferree solidement et percee dlune fente pour
le passage des pieces de monnaie.
TRONE, s. m. Siege reserve aux rois et aux eveques pourles occa-
sions solennellcs. Nous donnons, dans les articles CHAISE et FAU-
TEUIL, des sieges qui peuvent passer pour de veritables trones. Mais
ce qui constitue le trone, ce n'est pas tant la forme particuliere
donnee au siege que les accessoires qui l'accompagnent, tels que les
gradins, les dossiers et les dais. Un fauteuil pouvait devenir un troue
du moment qu'on le placait sur un emmarchement et qu'on l'entou-
rait de tapisseries; c'est cet ensemble qui constitue, a proprement
parler, lc trone, et non la forme donnee au siege. Les fauteuils ou
faudesteuils pliants, par exemple, si frequemnaent employcs pen-
dant les premiers siecles du moyen äge, et qui faisaient partie du
bagage des princes, devenaient de veritables troncs du moment qu'on
les posait sur des gradins et qu'on les surmontait de dais. Il est a
croire que l'usage d'entourer, dans certaines occasions solennelles,
un siege royal de courtines, etait venu de l'0rient. En effet, dans ces
contre-es, un roi, encore de nos jours, ne se laisse pas Voir facile-
ment; a Pidee de puissance sur les hommes s'attache Pidee du mys-
tere, et, chez ces peuples du moins, la foule respecte d'autant
mieux le pouvoir souverain qu'elle ne voit celui qui le reprcsente
qu'a l'occasion de certaines solennites pendant lesquelles il n'appa-
Pait que comme un etre mysterieux qui demeure habituellement
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