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TABLE
Les tables a manger du XIIIe siecle sont ordinairement carrees,
lorsque le nombre des convives est petit; oblongues ou en fer a
cheval, lorsque ce nombre est grand. A lloccasion de certaines
fetes, lorsqu'on donnait de grands repas auxquels prenaient part de
nombreux invites, il etait d'usage aussi de dresser quantite de petites
tables :
Fromons commande qu'on les tables müist,
Et l'on si fait, 16ans en un jardin;
Onze vint tables i puissiez choisir n
La rapidite avec laquelle, dans les grandes salles des chateaux,
on dressait et l'on enlevait les tables a manger ou ä jouer indique
assez que ces meubles n'etaient composes que de grands panneaux
poses sur des treteaux pliants, qu'ils n'etaient pas a demeure. Sui-
vant que lc nombre des convives etait plus ou moins grand, on dres-
sait. et l'on assemblait un nombre plus ou moins considerable de ces
tables. Cependant il existait, dans certaines grandes salles, des tables
fixes de pierre ou de marbre destinees a divers usages. Dans la
grand salle du palais de la Cite a Paris, il y avait, a l'un des bouts,
dit Sauval 2, a une table qui en occupoit presque tonte la largeur,
a et qui de plus portoit tant de longueur, de largeur et d'epaisseur,
a qu'on tient que jamais il n'y a eu de tranches de marbre plus
a epaisses, plus larges, ni plus longues. Elle servoit a deux usages
a bien contraires : pendant deux ou trois cents ans, les Clers de la
a Basochc n'ont point eu d'autre theätre pour leurs farces et leurs
cr momerics; et cependant c'etoit le lieu ou se faisaient les festins
a Royaux, et ou l'on n'admettoit que les Empereurs, les Rois, les
a. Princes du sang, les Pairs de France, et leurs femmes, tandis que
(t les autres Grands Seigneurs mangeoient a d'autres tables. Tout
a cela fut consume en 1618.... a
Toutes les representations de repas laissent toujours un des
grands cotes des tables libre pour le service; dest-a-dire que, sur
une table longue, par exemple, les convives n'etaient assis que d'un
cote; l'autre cote etait, comme dans Pantiquite, laisse libre pour
faciliter le service.
Dans les chateaux des princes et grands seigneurs, les tables ä
manger etaient si larges, que souvent, pendant les entremets, des
personnages y montaient pour reciter des couplets, pour distribuer
' Li Romans de Garin de Loherain, ädit.
' Antiq. de la ville de Paris, t. Il, p. 3.
Techener, 1833, t.