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TABLE
les viandes avec les mains, apres les avoir coupees par quartiers,
et les os restaient sur la table, alors depourvue de nappes.
Au xne siecle, il semblerait qu'on avait encore conserve ces gale-
ries ou rebords saillants autour des tables et les pentes drapees
tombant de ce rebord a terre. Le manuscrit d'Herrade de Landsberg,
de la bibliotheque de Strasbourg, nous fait Voir une table a manger
ainsi disposee (fig. 2). Les pentes sont attaches par des anneaux a
une tringle qui pourtourne le rebord de la table,
(K Les tables furent mises et li tabliers, et li saliers, et li coustel;
a et il sässistrent Bien que ce texte appartienne ä un roman du
X111" siecle, le mot tablier indiquerait ces pentes drapees. Ici il niest
question ni de nappes, ni diassiettes. Notre figure 2 ne montre, en
effet, que des plats sur pieds, des couteaux, des salieres et des four-
chettes a deux branches qui paraissent, destinees a pincer les mor-
ceaux queles convives prenaient dans les plats, plutot qu'a les piquer.
Le roman du chätelain de Coucy, qui fut ecrit vers le commence-
ment du X1118 siecle, parle de tables a manger autour desquelles les
convives siasscyfaient, ayant une seule assiette pour deux personnes.
Ces tables sont couvertes de nappes. Du reste, le manuscrit deja
cite de la bibliotheque de Strasbourgg nous fait voir une table ser-
vie qui parait etre entierement couverte d'une nappe; mais il faut
dire que cette table oblongue est accompagnee d'un dossier sur l'un
de ses deux grands cotes, ce qui lui donne l'apparence de ces meu-
bles que nous designons sous le nom de buffets.
' Le Roman des sept Sages.
a Herrade de Landsberg. Ce manuscrit a ätä brülä par les Allemands en 1810.