RELIQUAIRE
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ples par les yeux que par la parole et. les saintes maximes. Les mo-
numents qu'il eleva, qu'il couvrit de sculptures, de pointures et de
vitraux, qu'il remplit des meubles les plus precieux, les plus curieu-
sement travailles, font ressortir l'importance qu'il attachait aux arts
comme moyen de retenir les populations autour de lui.
Pour donner a nos lecteurs une idee de quelques-unes des con-
ceptions les plus heureuses de cette epoque, en fait de reliquaires,
nous choisirons plusieurs exemples, inedits autant que possible',
et executes en France : car, il faut le dire, la moisson serait beau-
coup plus riche si nous allions chercher ces exemples en Allemagne;
mais les caracteres de Porfevrerie des pays dbutre-Rhin, comme
style et moyens de fabrication, sont tellement differents de ce qui
tient aux anciens arts industriels de notre pays, que nous ne pour-
rions, sans jeter la confusion dans l'esprit de nos lecteurs, prendre
indifferemmcnt nos exemples en deca ou au dela du Rhin.
Voici (fig. 4) un reliquaire (monstrance) dependant du tresor de
la cathedrale de Reims, qui, comme composition et travail, est une
oeuvre remarquable. ll consiste en une sorte de tableau peu profond,
porte sur un pied, et est fabrique en argent et cuivre repousse et
dore. Cet objet dbrfevrerie appartient a la premiere moitie du X111"
siecle. La partie centrale, comprise dans llareature, est detruite et
etait destinee a recevoir une statuette probablement assise, ainsi que
nous avons cru devoir le figurer. Ce reliquaire slouvre par derriere
au moyen d'une plaque de cuivre grave et dore montee sur char-
niere. Au centre de cette plaque, la gravure representc Samson de-
chirant le lion avec ses mains. Sur le devant du pied, on voit repre-
sente un personnage portant une epee et attaquant un lion. Le pied
de cette monstrance est charmant comme forme et comme travail :
le quatre-lobes repousse sur ce pied est couvert de gravures repre-
sentant des rinceaux d'un beau caractere.
Notre fig. 5 donne un reliquaire dependant du tresor de la meme
eglise, et qui consiste en un cylindre de cristal enchässe entre deux
gables, une sorte de faitage et quatre tourelles. Sous le cylindre est
posee une cassette couverte de charmantes gravures. Ce reliquaire
' Les publications archeologiques ont reproduit däju un grand nombre de ces char-
mantspms meubles sacres, ct nous renvoyons nos lecteurs aux Annales archäologiques
de M. Didron, aux Illdlanges archäologiquas des RR. PP. Ivlartin et Cahier, il l'ouvrage
däjä. me de M. Blavignac, pour prendre une idee generale de ces conceptions variäeS et
souvent trcs-helles. Dans la partie de notre Dictionnaire qui traite de Porfävreric, nous
avons d'ailleurs l'occasion de revenir sur ces objets, dans lesquels la ÜHOSSO du f-Tilvüil
l'emporte toujours sur la richesse de la maticre.