RELIQUAIRE
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vingts, et la plupart etaicnt de matieres precieuses. Les cathedrales
de Reims, de Bouen, de Bourges, de Chartres, dlilrras, de Saint-
Omer, de Troyes, de Sens, n'etaient guere moins riches en objets de
ce genre, qui, malheurcuselnent pour l'histoire de l'art, sont au-
jourd'hui fondus ou dispcrscs. Mais detait dans les abbayes parti-
culierement qu'on trouvait les plus riches et les plus nombreux
reliquaires. Celle de Saint-Denis en France contenait, dans son tre-
sor, une quantite incroyable de ces meubles sacres ; les plus remar-
quables sont graves dans l'oeuvre de Felibien. Celle de Saint-Germain-
des-Pros n'elait guere moins riche. Les tresors des eglises parois-
siales elles-melnes possedaient des reliquaires celebres, et Pabbe
Lebeuf, dans son Histoire du cliocese de Paris, en signale un grand
nombre dont quelques-uns paraissent fort anciens.
La plupart des eglises cathedrales et paroissiales avaient, dans
leurs tresors, de grands coffres, sorte de chasses dans lesquelles on
enfermait les reliques les plus venerees, alln de les transporter dans
les villes et villages du diocese, pour recueillir des dons destines a
subvenir aux depenses de la construction ou aux reparations de
Peglise. C'est en transportant au milieu des populations les plus
precieuses reliques de leurs tresors que les cathedrales d'Amiens,
de Noyon, de Senlis, purent achever les constructions entreprises a
la {in du xnt siecle et au commencement du XIIIE. Ces voyages que
l'on faisait faire aux reliques des eglises, accompagnees de plusieurs
religieux slltendaient souvent bien au dela du diocese particuliere-
ment interesse a Fachevement de Pmuvre, et les dons recueillis ainsi
etaient parfois considerables. Cependant, a la {in du XIIIÜ siecle deja,
ces collectes ne produisaient probablement plus des resultats assez
importants pour valoir la peine et les dangers auxquels les religieux
sexposaient en transportant au loin leurs plus saintes reliques ; car,
a partir de cette epoque, sauf dans les cas de calamites publiques,
les reliques restent dans les tresors, et c'est aussi a cette epoque
que les chapitres comme les abbcs l'ont faire un grand nombre de
reliquaires sur des formes nouvelles et tres-variees, afin d'attirer
l'attention des fideles sur le contenu par la beaute du contenant.
C'est evidemment autant le besoin de rechauffer le zele attiedi des
populations que le desir de donner aux reliques des enveloppes
dignes d'elles, qui engagea le cierge, pendant les X111", xive et xve
siecles, a faire executer une quantite si prodigieuse de reliquaires
sur les dessins les plus riches et les plus propres a amer-veiller les
fideles. Le cierge du moyen age avait parfaitement l'intelligence de
son temps, et il savait qu'il captivait autant et plus peut-etre les peu-