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RELIQUAIRE
meme d'etoffe. On donnait aussi le nom de phylacteres aux reli_
quaires. Guillaume Durand decrit ainsi les phylatteria : a C'est un
a petit vase d'argent ou d'or, ou de cristal ou (l'ivoire, ou d'autre
a matiere aussi precieuse, dans lequel sont enfermees les cendres
a ou les reliques des saints. Or, comme Elintlius appelait les fideles
a cendreum (cinericios), a cause de ce qu'ils conservaient ces cen-
l( dres, il fut etabli dans l'19g'lise, contre son avis, qu'on les garde-
a rait d'une maniere honorable dans de precietix petits vases: et
(g ce nom est tire de qDUÄOiTTEh), garder, et. de fäpw, une ewtremite,
a parce que dans ces vaisseaux on garde un fragment de Pextreinitei.
a du corps des saints, comme, par exemple, une dent ou un doigt,
a ou quelque chose de semblable..... l
Eginhard parle de saintes reliques transportees dans des sacs de
soie deposes dans des coffres de bois ; c'est de cette maniere qu'il
faitvenir de Reine a Selingenstadt les restes des saints lllarcellin,
Pierre et Tihurce. La translation de ces reliques, longuement de-
crite par cet auteur, et pleine de details curieux, fait ressortir l'im-
portance que l'on attachait alors a la possession des corps-saints,
de quels soins et respects on entourait ces restes, et, il faut le dire,
du peu de scrupule que l'on apportait dans la maniere de se les pro-
curer. Le benefice de la possession semblait excuser, aux yeux des
personnages les plus respectables, la fourberie et le vol. Il est sans
cesse question, dans l'histoire du moyen fige, de reliques derobees,
et dont la possession n'en est pas moins profitable aux larrons,
comme si Pintercession des saints etait atttachee a leurs cendres. On
comprend alors avec quelle ardeur on (lesirait posseder des reliques
qui etaient considerees comme de veritables talismans ; comme cer-
tains personnages, dont la vie n'etait qu'un tissu de crimes abomi-
nables, croyaient cependant a Pefficacite de quelques ossements pour
les preserver de tout chatiment dans ce monde et dans l'autre ; com-
ment ils s'en entouraient et les portaient meme avec eux, pensant
que le saint dont ils possedaient un fragment ne pouvait se dispen-
ser de veiller sur leur salut. Cette croyance lit que les reliquaires se
multiplierent a l'infini ; si bien qu'a plusieurs reprises le clerge dut
s'elever contre un abus qui tenait plus de la superstition que de la
veritable foi, et declarer fausses et sans valeur toutes les reliques
dont l'origine n'etail: pas düment constatee par Fldglise 2.
f Rational, lib. I", cap. m.
' Saint Thomas d'Aquin examine" et discute cette qxicstionr Utrum suspenderrz
rlivina verba ad collum sil illicilum? Le cardinal Tolct la nomme observanlia. reh-
quiarum.