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LUTRIN
de forme que ceux reserves aux choeurs des eglises. ll ne faut pas
les confondre avec les scriptionalitt, qui etaient des pupitres sur les-
quels on posait. le velinpour ecrire (voy. PUPITRE). Dans les vignettes
des manuscrits du moyen age, a partir du X111" siecle, on voit sou-
vent les personnages occupes a ecrire ayant un scriptionale devant
eux, quelquefois moine sur leurs genoux, et un lectrin a cote de leur
siege. Le lutrin etait donc uniquement destine a porter les livres a
consulter. Alors les livres etaient fort chers, et par consequent fort
rares; le lectrin a lui seul pouvait contenir la bibliotheque d'un
homme lettre. A cet effet, outre la tablette proprearecevoir plusieurs
livres ouverts, il etait muni de petits casiers dans lesquels on ran-
geait les manuscrits. Un lectrin pouvait ainsi renfermer une vingtaine
de volumes, et beaucoup de gens dRStude n'en possedaient pas autant.
Voici (fig. 7) un de ces lectrins rescrves a l'usage particulier, qui
date du XIIIO siecle; il est tire d'un manuscrit de la Bibliotheque
nationale 1.
Afin de pouvoir consulter un certain nombre de volumes a la fois,
on donnait souvent a la tablette du lectrin de bibliotheque la forme
circulaire. Le lectrin s'appelait alors roe" (roue). Nous donnons (fig. 8)
un de ces meubles. La disposition en est ingenieuse et merite que
nous nous yarretions quelques instants 2. Le personnage est assis
dans une chaire a dais, munie par-devant d'un scriptionale mobile
pose sur deux petites potences. Des lacets de soie avec poids au bout
sont attaches a la partie inferieure du pupitre et servent a maintenir
le velin sur la planchette inclinee. Le lectrin (roi?) est place a la
gauche de läficrivain, qui peut faire tourner a volonte sur son axe la
tablette circulaire garnie de plusieurs livres ouverts. Un plateau
porte sur "trois pieds surmonte la tablette aux livres, et reeoit au
centre une bougie qui, pendant le travail de nuit, eclaire a la fois les
pages des livres a consulter et la tablette de la personne qui ecrit.
Nous savons, par experience, combien il est fatigant d'avoir, sur la
table ou l'on ecrit, plusieurslivres ouverts pour faire des recherches,
le temps que l'on perd a placer ces volumes d'une facon commode,
le danger qu'ils courent d'etre macules d'encre ou d'huile. On voit
que les gens livres a Fetude, autrefois, savaient prendre leurs aises
pendant leurs occupations les plus graves, et qu'au moins ceux-ci
ne meritent pas Pepithete de barbares. Des lectrins places sur les
tables de nos bibliotheques publiques seraient, nous le croyons, fort
' Ancien fonds Saint-Germain, n" 37. Psalm.
a Cet ensemble est copie, sauf quelques rectifications de perspective, d'une vignette de
la Bible frang. de la biblioth. du Corps legislatif, ms. de 1294, n" 35, fin du X1118 sieele.
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