LUTRIN
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de l'abbaye de Sainct-Defzys en France, rapporte, qu'au milieu de
la premiere partie du choeur de cette eglise, a est pose-e l'aigle (ou
a poulpitre) de cuivre, enrichie des quatre evangelistes et aultres
a figures, donnee par le roy Dagobert, provenant de ll-glise de
a Sainct-Ilylaire de Poictiers, lorsque ledit roy ruina la ville dudiet
a Poictiers pour cause de rebellion 1. u) Ce lutrin avait etc dore de
[in or par Pabbe Sugerg.
Dans la primitive Eglise, les clercs se tenaient debout autour de
l'autel, en cercle, et chantaient les psaumes a l'unisson; mais Fla-
vianus et Theodorus etablirent qu'ils chanteraient et psalmodicraient
alternativement. En France, en Allemagne et en Angleterre, un lec-
trin fut donc place au milieu du choeur, et les chantres au-dessous,
adroite ou a gauche.
Le lutrin -etait un meuble necessaire dans toutes les eglises abba-
tiales, cathedrales et paroissiales. Lebeuf, dans son H fistoire du d'io-
cese d'A aazerre, parle de c deux aigles qu'on fit faire, vers l 390, pour
la cathedrale d'Auxerre, dont l'une etait destinee a la chapelle de
Saint-Alexandres a. a En 1400, dit Dubreuilä Peveque Guillaume
fit faire l'aigle et le pupitre de cuivre qui se trouvaient de son temps
au milieu du choeur de Feglise Saint-Germain des Pres. a Le lectrin
etait toujours en effet place au milieu du choeur, devant le sanctuaire.
Dans le Roman de Roaf", Robert Wace raconte que le duc Richard
de Normandie, ayant coutume d'entrer a toute heure dans les eglises
qu'il trouvait sur son chemin pour y prier :
a Une nuit vint. ä un mustier,
u Orer voleit E: Dex prier :
a Luing de sa gent alout pensant,
a Ariere alouent et avant,
a Sun cheval areigna de fors (attacha dehors).
u Dedens truva en hiere un cors,
a Juste la hiere avant passa,
a Devant l'autel süugenullla,
a Sur un leitrum (lutrin) sis ganz geta,
u Mez el partir les nblia
(K I)
s'en retournant voit
Sa priäre finie, Richard,
a hloveir li cors, cruistre la biere.
' Dom Doublet, liv. I, p. 286.
' Ibid.,p. 245.
3 Tome Il, p. 18.
' Antiq. de Paris, liv. I.
5 Rob. Wace, ädit. de Rouen, 1827.