175
LUTRIN
a Ladicte litiere estoit portee par deux chevaux noirs moult beaux
a et moult tiers; lesquels chevaux estoyent enharnaches de velours
a bleu, a gros cloux d'argent, richement; et sur iceux chevaux avoit
a deux pages vestus de robes de velours bleu, charges dorfevrerie,
a ayant barrettes de mesmes; et estoyent housses de petits brode-
a quins jaunes, et sans esperons; et avoient chaseun un fouet en la
e main. Dedans ladicte litiere estoit le chevalier, a demy assis sur
a de grans coussins de riche velours cramoisy; et le fond de sa dicte
a litiere estoit d'un lapis de 'l'urquie. Le chevalier estoitvcstu d'une
e longue robe de velours tanne, fourree d'er1nines, a un grand
e colet renverse, et la robe fendue de ceste, et les manches fendues
a par telle fagon, que quand il se drecea en sa litiere l'on vovoit
a partie de son harnois. Il avoit une barrette de velours noir en sa
(a teste, et tenoit toute maniere de chevalier ancien (vieux), foule et
n dehilite des armes porter. Ladicte litiere estoit adextree de quatre
a chevaliers qui marchoyent a pie, grans et beaux hommes, qui
a furent habilles de paletots de velours bleu, et avoyent chacun un
gros batton en la main. l)
Nous donnons (P1. Vl) une de ces litieres.
Ces descriptions peuvent faire connaitre le luxe que l'on deployait
dans les litieres et dans les harnais des chevaux qui les portaient.
Ordinairement, les conducteurs des litieres etaicnt a pied et me-
naient les chevaux par la bride; ou bien, si la route etait longue,
etaient a cheval des deux cotes des porteurs. En voyage, la litiere
d'un seigneur eonsiderable ou d'une dame etait accompagnee de
nombreux serviteurs a pied et a cheval qui formaient comme une
escorte autour d'elle.
On avait aussi de simples litieres decouvertes, sortes de brancards
portes par deux chevaux, sur lesquelles on enlevait les combattants
blesses dans un tournoi, pour les transporter a leur hotellerie.
LUTRIN, s. m. (tectrin, leutrin, poulpitre, pupitre). Meuble de
bois ou de metal dispose pour recevoir un ou plusieurs livres ouverts
de maniere a en faciliter la lecture. Il y a plusieurs sortes de lcctrins:
les lectrins fixes, places au milieu des choeurs des eglises, a l'usage
des chantres ; les lectrins facilement transportables, pour lire liepitre
et Fevangile sur le juhe, äFentree du choeur; les lectrins de librai-
ries, de lJllJllOLlIÜQIICS, pour poser des livres a consulter.
Pendant le moyen äge, les lutrins de choeurs etaieilt souvent d'une
grande richesse comme maliere et comme travail: on s'en servait
en France des le vue siecle, car dom Doublet, dans ses Antiquitez