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LITIÜRE
LITIERE, s. f. La litiere etait une sorte de lit couvert ou deeou-
vert, juche sur un double brancard et porte par deux chevaux. Les
femmes, les malades, voyageaient souvent en litiere, et ce mode de
locomot.io11, hors dlusage chez nous depuis longtemps, est encore
usite en Orient, en Sicile et en Espagne. Dans Pantiquite, on se ser-
vait de litieres. Ltabsence de route rendait cette fagon de voyager
frequente pendant le moyen fige; si elle nletait pas des plus rapides,
elle etait du moins fort douce et permettait de traverser sans fatigue
des pays dans lesquels on ne trouvait pas souvent de voies carros-
sables, car une litiere passe partout ou peut passer un cheval.
Nos plus vieux auteurs parlent de litieres:
une geline
Que l'on omenoit en litiere
Fete autresi con une bierc f. v
l'empereur de Rome
Quand Robert le Diable veut se faire ermite,
a mendä les charpentiers,
Et fet une litiere ovrer,
Apareiller et manovrer,
Puis fait mettre Hubert de seure
Qui avec lui plus ne demeure 2. n
Dans les ceremonies publiques, les princesses etaient le plus
souvent portees en litiere. C'est ainsi qudsabeau de Baviere lit son
entree ä Paris, en 1389, le90 juin. Froissart, et Godefroy, dans le
Cefrenwnial frangais, ont decrit les magniticences de cette fete.
La reine etait en litiere deeouverte, a si richement parce, que rien
(K n'y failloit.
Dans le compte des depenses du mariage de Blanche de Bourbon
avec le roi de Castillel, nous trouvons le detail de toutes les pieces
qui composent la litiere de la reine. Ce sont deux pieces de drap
d'or et de soie a tenans sur l'azur pour housser ladicte litiere par
K dcdens apres la peinture; six aunes descarlate vermeille pour
a couvrir ladicte litiere et housser le fonz d'icelle; huit 21111103 de
a toille vermeille pour mettre dessous le drap d'or; huit 21111165 de
a toille ciree pour mettre dessous latoille teinte; huit aunes de cha-
a nevaz ä mettre entre Pescarlate et ladicte toille ciree ; trois onces
a de soye ä brouder les fenetres, les pendans (glands), les mantellez
' Roman du Renart, vers 9978 et suiv.
2 Li Ronmn de Robert Le Dyable, XIV" siäcle.
3 Comptes (le Fargenterie des rois de France au XIVe szecle,
1851 (Sociätä de l'histoire de France).
publ.
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Duuät dktrcq,