LIT
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sur lesquelles l'art du brodeur figurait des sujets, des emblemes qui
choqueraient fort nos moeurs modernes. Les bois etaient de cedre,
de rose, debene et d'ivoire, poses sur des tapis de soie avec une
multitude de carreaux. a Nous entendons, dit l'auteur de l'Isle des
a que chacun ait double ciel en son lict, et que
a celui qui sera au dedans ne soit pas moins riche que celui du de-
a hors; voulons que l'histoire en soit prise des llfetamorpltoses
a d'Ovide, deguisement des dieux, et autres choses pareilles... D'au-
tant aussi que la terre n'est pas digne de porter chose si preeieuse,
a nous ordonnons qu'on estendra sous lesdicts licts quelques riches
a eairins ou autres tentures de soye. a Le meme auteur deerit le lit
du roi en cette faconi: a Ce lit estoit bien l'un des plus richement
(t parez qu'on eust sceu voir: car le ciel estoit fait par carrez dont
a le fond estoit de toille d'argent, rchaussez d'oret de soye, ou estoit
a representee l'histoire Les montans estoient d'or nuez de
a relief, et le double ciel : car ils ne pouvoient pas dormir en ce pays
a la sous une simple couverture de carrez de point couppe. Sur le
a lict estoit une grande housse a bastons de velours vert, chamaree
a de clinquant, a bastons rompus qui estoit un secret hieroglilique
c du pays; elle estoit trainante aun pied pres de terre, et audessous
a se voyait le souzbassement de mesme estoffe..... Deux oreillers
de satin cramoisi soutenaient les bras du personnage a demi vetu et
sur son seant; a sous le liet on voyoit un grand marchepied, et a la
a ruelle force sieges de meme parure que le lict et houssez pour la
a meme consideration D. Le luxe des lits des seigneurs persista; les
lits des xvne et xvln" siecles sont d'une grande richesse : chez les
souverains, les lits, a dater du xvnt siecle, sont entoures d'unebalus-
trade au dedans de laquelle, au petit lever, se tenaient les grands
seigneurs particulierement favorises. La premiere toilette du roi
s'achevait dans l'espace compris entre la balustrade et le lit.
Pendant le moyen fige et jusqu'au dernier siecle, il etait d'usage
de benir le lit des nouveaux epoux avant la premiere nuit des noces.
Les seigneurs feodaux avaient un droit sur cette premierc nuit, qui
se payait non point au moyen d'une odieuse concession de Pepoux,
comme on a voulu le faire croire, mais bien par une redevance en
argent, qui n'etait pas plus immorale que beaucoup de nos lois
fiscales.
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