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elle demeura. cxposee a la veneration des nombreux pelerins qui
aflluaient a l'abbaye de toutes parts. Le meme historien ajoute que,
les moines ayant ete accuses de satisfaire leur avarice par les offrandes
de ce grand concours de peuple, ils se virent obliges, pour se mettre
a couvert de ce reproche, d'empocher qu'on ne baisat ni ne touchat
l'image miraculeuse.
Les images de cire etaient aussi fort en usage pendant le moyen
age; on en placait dans les eglises et meme dans les palais. Ces
_images representaient des donateurs ou des personnages veneres dont
on voulait perpetuer la memoire; on les revetait d'habits comme
des personnes vivantes, et elles demeuraient en place jusqu'au mo-
ment ou elles tombaient de vetuste. Les sorciers, pendant le moyen
äge, consideraient les images de cire qu'ils se plaisaient a faeonner,
comme un des moyens les plus puissants d'influence sur la destinee
de ceux qu'ils pretendaient soumettre a leur volonte. Dans la celebre
procedure contre les templiers, sous le rogne de Philippe le Bel, il
est question d'i1nages du roi percees de styles, employees comme
maleliees contre ce prince. Les sorciers baptisaient aussi certaines
images de cire. a Il y a neanmoins des gens assez abandonnes de
Dieu,idit le savant docteur Thiers en son Traite des superstitions 1,
pour baptiser des iigures de cire, atin de faire mourir les personnes
qu'ils baissent. Et voici les ceremonies qu'ils pratiquent dans cc cas:
Ils font une image de cire entiere, et avec tous ses membres; la met-
tent tout de son long dans une boite qui se ferme avec un couvercle;
prennent de l'eau dans le creux de leur main, la jettent sur cette
image, en disant: a N. Ego te baptizo, ete. v Ils recitent ensuite le
petit office de la Vierge, et quand ils en sont au psaume..." entre
generatione et generationem, ils prennent une epine de la-
quelle ils piquent legerement l'endroit du coeur de l'image, et ache-
vent le petit oflice. Le lendemain, ils font la meme ceremonie et
enfoncent Fepine plus avant. Le troisieme jour, ils en font autant et
enfoncent Pepine tout entiere, achevent l'office, et le neuvieme jour
ils ont ce qu'ils souhaitent..... a Dans un autre passage 2, il ajoute
a qu'il etoit des pretres assez malheureux pour dire des messes sur
des images de cire, en faisant des imprecations contre leurs enne-
mis, jusques-la qu'ils en disoient dix et plus, alin que leurs ennemis
mourussent dans le dixieme jour... a Ces superstitions prouvent
l'importance que le vulgaire attachait aux images.
Il, p. 81, ddit. de 17411.
Il], p. E207, Rqpgzort de Pierre le Chantre, AbräviaL, chap.
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