CUIR
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Le gentilhomme qui avait dans son hotel une nuee de familiers
trouva insupportable de manger devant deux ou trois gaillards char-
ges de lui donner une assiette ou de lui verser du vin; il lit appro-
cher la credence de la table a manger, ferma la porte sur le dos des
laquais, et put causer a son aise avec les deux, trois ou quatre con-
vives invites a sa table; on mit des lors des roulettes aux pieds de
la credence, et elle prit un nom indiquant son usage. Aujourdlhui, le
plus laetit bourgeois qui tient un valeta gages se croirait deshonore
slil se servait lui-meme; s'il invite un ami, quitte a rendre le repas
ennuyeux comme un diner de table d'hote, il pretend que le laquais
soit la. Le bourgeois a repousse la servante de son pere avec dedain;
nous en avons vu bon nombre dans les greniers.
Nos buffets de salle a manger et nos caves a liqueur fermees
a clef sont encore une derniere tradition de la credence du moyen
äge.
CUIR peint, gaufre, dore (voy. TENTURE). L'usage de peindre,
dorer, argenter et gaufrer le cuir est fort ancien, puisque le moine
Theophile donne la maniere de le preparer pour recevoir la deco-
rationk Mais il semblerait que, de son temps, au xne siecle, on
n'employait guere le cuir dans l'ameublement que comme un moyen
de recouvrir des tables, armoires, panneaux : il ne parait pas qu'on
en ait fait des tentures fabriquees comme celles que nous possedons
encore et qui datent dos XVI" et XVIIÜ siecles. Cependant on savait,
des les premiers siecles du moyen äge, peindre, dorer ol. gaufrer le
cuir libre, non colle sur panneau, et on Pemployait dans les equi-
pements et harnachements militaires; il est donc probable qu'on
s'en servait aussi parfois pour recouvrir des meubles, des dossiers
de bancs, des stalles, etc. 2. Au xvl" siecle, les cuirs-tentures se
fabriquaient principalement a Paris, a Houen, en Allemagne et en
Brabant.
1 Cap. xlx.
i Voyez la Descript.
et t. Il, p. 168.
hist.
des
de
nzaisons
Rouen, par
Delaquäriäre, t.
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